[Hoplite] Vunds & [LYS] JoKeR ~VS~ Bestiol [Of_Borg]

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De tout temps, pour maîtriser les jeunes enfants, les mères les ont effrayés en leur contant des histoires terribles. Il en avait entendu un certain nombre déjà. Mais, récemment, il avait surpris une femme racontant à son jeune fils qu’il se passait des choses innommables sur les anciennes Terres Gobelines. Il le savait, mais il fut étonné de constater que le peuple le savait aussi.
Personne n’avait plus mis les pieds sur les planètes désolées de la confédération Gobeline depuis des années. On racontait que les rares généraux gobelins encore en vie étaient soit fous soit terrés dans des profondes mines d‘extraction de minerai. Les rumeurs commençaient à affluer, toutes plus fantasques les unes que les autres. Ici, on entendait qu’on y enverrait les exilés qui serviraient de pâture à quelques tribus cannibales. Là, une mère disait à son enfant que s’il n’était pas sage il y serait envoyé et qu’il deviendrait un paria se nourrissant de la chair de voyageurs égarés.
A ce qu’il en savait, rien de tout cela n’était vrai. Toutefois Vunds surveillait les Terres Gobelines depuis un certain temps. Car tous les généraux n’étaient pas morts loin de là… Depuis quelques mois, ses espions lui rapportaient qu’un des derniers Seigneurs Gobelins traitait avec une faction de cyborgs récemment apparue dans l’Univers. Il avait longtemps refusé d’y prêter foi, le Gobelin était un vieil ami et Vunds ne pouvait pas croire qu’il se soit ainsi roulé dans la fange universelle. Pourtant lorsqu’il leva les yeux du rapport de son espion, il le congédia sèchement, l’air grave.

Derrière-lui une voix s’éleva, celle d’un homme dans l’ombre de la pièce.
- C’est finalement arrivé, dit-il.
Vunds réfléchissait encore. On venait de lui rapporter la mutation du seigneur Bestiol. Il ne s’agissait plus de rumeurs, ni de doutes, mais d’un acte délibéré. Bestiol venait de corrompre sa dernière parcelle d’humanité -si tant est que l’on puisse trouver de l’humanité chez un seigneur gobelin.
- Un Borg… cracha Vunds avec dégoût.
Ces dernières semaines cette faction avait beaucoup fait parler d’elle, car capables et coupables de brigues pour la seule gloire ou le seul profit. Ils ne brillaient, en réalité, que par leurs manœuvres frauduleuses.
L’homme, qui avait parlé plus tôt, sortit de l‘ombre.
- On attaque ? demanda-t-il.
Il avait dans les yeux une lueur à la fois méchante et déterminée. Lancer son armada contre un seigneur Borg n’était pas pour leur déplaire, Vunds avait même fait de la destruction des Borgs une vendetta personnelle. Mais c’était différent. Il s’agissait d’envahir un ancien fief gobelin. Comme pour répondre à ses pensées, l’homme, toujours debout, reprit la parole.
- Rappelle-toi qu’il a hissé les couleurs Of_Borg, ce n’est plus un gobelin, souligna-t-il.
Tout ami qu’il fût des anciens seigneurs Gobs, il était forcé de le reconnaître. Néanmoins il resta perdu dans ses pensées pendant de longues secondes. A vrai dire, il n’était même pas certain que Bestiol se soit livré à la faction Borg de son plein gré. Qui pouvait savoir si quelque maléfice ne se cachait pas derrière cette mutation ? Ou pire encore, qui pouvait savoir si le seigneur Gobelin n’était pas bel et bien mort lui aussi. Son trône aurait pu être usurpé par un quelconque traitre. C’est vrai, il y avait si longtemps déjà que les Terres Gobelines étaient désertes et que personne n’avait eu vent de ce qui s’y passait réellement. Et après tout, même ses espions n’avaient pas pu approcher le Seigneur de près. Une seule information ne faisait aucun doute et elle venait de lui être rappelée : l’empire de Bestiol arborait la bannière Borg. Aussi, Vunds demanda :
- Quelle est ton idée, Joker ?
Un sourire carnassier apparut sur les traits du Joker alors que son ami venait de lui confirmer qu’il était partant.
- L’invasion et l’extermination. Cette maudite engeance Borg pullule depuis trop longtemps déjà, on ne permettra pas qu’elle s’étende. Ces faibles cyborgs n’ont d’autres moyens que la traîtrise pour s’imposer, nous ne jouerons pas sur ce terrain-là.
- Invasion… ça paraît si simple, dit-il pensif.
- Simple, ça l’est. Il ne fait pas le poids.
- Nos pertes humaines seront lourdes.
- Les intérêts plus lourds encore.

…


Le message s’interrompit. Il se repassait la conversation de ses deux ennemis depuis des heures, terré au fond d’un vaisseau qui avait pris la fuite durant la bataille. L’être mi-gobelin mi-machine avait perdu tout le prestige qui avait été le sien durant des années, et avec lui toute la flotte qu’il avait héritée d’un éminent seigneur Gob, Boboledingue.
Il ne se souvenait que très vaguement de cet empereur, sa mutation l’avait amputé d’une grande partie de ce qu’il avait été. Le souvenir le plus frais qui, manifestement, ne s’effacerait jamais de son esprit mécanique, était celui des centaines de milliers d’hommes qui avaient massacré sa flotte et son peuple. Ils arboraient sur leur tabard les armoiries jointes de la Lance et du Lys.